Accord UE-USA: les Bourses mondiales amères, l'enthousiasme retombe
Les Bourses mondiales évoluent sans entrain au lendemain de l'accord commercial noué entre l'Union européenne et les Etats-Unis, l'enthousiasme laissant place à la désillusion à mesure que les investisseurs digèrent les détails des annonces.
Vers 12H00 GMT, la Bourse de Paris prenait quelque 0,11% et Milan 0,64%. Londres perdait 0,24% et Francfort 0,12%.
A Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices laissaient présager d'une ouverture en légère hausse.
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15%. Les Européens espèrent à ce prix éviter une escalade commerciale.
"Les investisseurs aiment la certitude, et ils viennent d'en recevoir une bonne dose", l'accord commercial tant attendu "désamorçant ainsi des mois de menaces croissantes", commente John Plassard, responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestion Private Bank.
Mais il laisse déjà un goût amer. Le Premier ministre français François Bayrou a accusé l'Europe de se "soumettre" aux Etats-Unis, regrettant un "jour sombre".
Pour le dirigeant hongrois Viktor Orban, très critique de Bruxelles, Donald Trump n'a fait qu'une bouchée de la Commission européenne.
Le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a affirmé lundi qu'il "(soutenait)" l'accord commercial conclu la veille par les Etats-Unis et l'UE, mais "sans aucun enthousiasme".
"Cela ressemble un peu à une capitulation", a quant à lui réagi Alberto Rizzi, analyste auprès du Conseil européen pour les affaires étrangères (ECFR).
En face, l'Union européenne défend fermement son accord commercial. "Je suis 100% sûr que cet accord est meilleur qu'une guerre commerciale avec les Etats-Unis", a affirmé le commissaire européen Maros Sefcovic, qui a négocié durant des mois avec l'administration Trump.
Les exportateurs européens redoutaient en effet l'instauration de taxes américaines de 30% dès le 1er août.
"L'accord pourrait faire l'objet de pressions: les États membres de l'UE doivent encore l'approuver", rappelle Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.
La semaine sera également marquée par de nombreuses publications de résultats d'entreprises, d'indicateurs économiques mais aussi de décisions monétaires de banques centrales, dont celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) attendue mercredi à l'issue d'une réunion de deux jours.
Demi-tour pour l'automobile
Si le secteur automobile européen a débuté la séance dans le vert, l'enthousiasme semble déjà retomber.
L'accord commercial entre les Etats-Unis et l'UE marque certes une "désescalade" et se présente comme "une étape importante pour limiter la grave incertitude entourant les relations commerciales transatlantiques ces derniers mois", a salué lundi le lobby européen des constructeurs automobiles (ACEA).
Mais la directrice générale de l'ACEA, Sigrid de Vries, a aussi pointé du doigt "l'effet négatif pour le secteur" de droits de douane à 15%.
Ils coûteront "des milliards chaque année aux entreprises automobiles allemandes", a déclaré Hildegard Mueller, présidente de la fédération des constructeurs automobiles allemands VDA.
"Bien que les droits de douane sur les voitures soient passés de 25 % à 15 %, la question reste de savoir si 15% est suffisamment bas", interroge Kathleen Brooks.
Vers 12H00 GMT à Francfort, BMW (-2,20%), Mercedes (-1,55%), Volkswagen (-2,00%) et Porsche (-0,62%) perdaient du terrain après avoir pourtant débuté la séance dans le vert.
Même chose à Paris, Stellantis cédant 1,35%, et à Stockholm, avec Volvo en baisse de 0,24%.
La défense voit rouge
"Les actions de défense sont également en difficulté, après l'engagement de l'UE d'acheter du matériel militaire américain", relève Mme Brooks.
Car en plus des droits de douane imposés aux produits européens, l'UE s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux Etats-Unis "ainsi qu'à acquérir du matériel militaire américain", note-t-elle.
Vers 12H00 GMT, à Paris, Thales reculait de 3,12%. A Francfort, Rheinmetall cédait 1,67% et Hensoldt 3,15%. Saab perdait 2,82% à Stockholm et Leonardo 0,88% à Milan.
Les spiritueux dans le flou
L'incertitude n'a pas été totalement levée pour certains secteurs, les exportateurs de vins et spiritueux devant bénéficier d'une exemption mais attendant encore les détails.
A Paris, le géant Pernod Ricard perdait 2,35% et Rémy Cointreau 2,71% vers 12H00 GMT. A Milan, Campari cédait 1,78%.
Q.Alohilani--HStB