

Les marées pourraient aider à prédire la rupture des icebergs
Les marées océaniques peuvent provoquer la rupture de grands icebergs du continent antarctique, selon des chercheurs jeudi, qui pensent que le phénomène peut-être prévisible.
Il n'est théoriquement pas possible de savoir quand peut intervenir une rupture de la banquise, alors que l'évènement est susceptible de modifier notamment le niveau global de la mer.
Pourtant quand un immense iceberg d'une taille équivalente à plus de 15 fois la superficie de Paris s'est détaché en 2023 de la Barrière de Brunt, en Antarctique, le glaciologue Oliver Marsh n'a pas été surpris.
Il avait prédit cette rupture comme "imminente, d'ici quelques semaines ou mois", a-t-il expliqué à l'AFP. Affilié au British Antarctic Survey, il avait passé des années à étudier la grande faille qui allait permettre à l'iceberg A81 de partir sur les flots.
Comme prévu, le vêlage de l'iceberg est survenu au pic des marées de printemps, qui voit les plus grandes amplitudes entre marées basse et haute.
L'étude menée par Oliver Marsh, et publiée dans Nature Communications jeudi, montre à l'aide d'une nouvelle modélisation que le vêlage a été déclenché par la marée, avec des vents élevés et des tensions dans la banquise.
- "Déséquilibré" -
Après la rupture d'A81, le chercheur s'est rendu sur la banquise pour constater que l'eau avait remplacé "de la glace aussi loin que l'on regardait avant".
L'iceberg dérive actuellement à l'Est de la péninsule antarctique, en direction de la mer de Weddell. Reste à savoir s'il approchera l'île de Géorgie du Sud, qui est un site important de reproduction pour les pingouins, phoques et autres animaux.
Le plus gros iceberg connu, A23a, s'est échoué non loin de l'île un peu plus tôt cette année. Maintenant qu'il est exposé aux vagues de l'océan Austral, "ses jours sont comptés", selon Oliver Marsh.
Le vêlage de la banquise est un phénomène naturel qui permet d'équilibrer les chutes massives de neige sur l'Antarctique, a rappelé le chercheur. Seulement, "maintenant c'est déséquilibré".
L'Antarctique perd sa glace de deux façons: par le vêlage et par la fonte. Or la fonte s'accélère avec le réchauffement des océans, causé par le réchauffement climatique.
En revanche, "on ne sait pas si le taux de vêlage a grimpé", parce qu'il est peu fréquent. A81 est, en taille, le deuxième des trois énormes icebergs qui se sont libérés de la Barrière de Brunt depuis 2021.
"On s'attend à un très gros épisode de vêlage à un moment dans cette zone", a dit Oliver Marsh. Sans fournir plus ample précision, car "même si nous affirmons qu'il est plus facile de prédire ces évènements", l'exercice reste "difficile".
X.Mahi--HStB