Honolulu Star Bulletin - Le chef de l'Otan appelle à quintupler les capacités de défense aérienne de l'Alliance

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Le chef de l'Otan appelle à quintupler les capacités de défense aérienne de l'Alliance
Le chef de l'Otan appelle à quintupler les capacités de défense aérienne de l'Alliance / Photo: Oli SCARFF - POOL/AFP

Le chef de l'Otan appelle à quintupler les capacités de défense aérienne de l'Alliance

Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte doit appeler lundi à Londres les pays de l'Alliance à quintupler leurs capacités de défense aérienne afin de protéger l'Europe de la Russie, qui a répliqué en accusant l'Otan d'être un "instrument d'agression".

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Après Paris la semaine dernière, le Néerlandais est à Londres lundi où il va s'entretenir avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, au moment où les membres de l'Otan négocient sous la pression des Etats-Unis sur leur futur objectif de dépenses militaires.

"Nous avons besoin de faire un bond en avant dans notre défense collective (...) Le fait est que le danger ne disparaîtra pas, même avec la fin de la guerre en Ukraine", doit déclarer Mark Rutte lors d'une conférence organisée dans l'après-midi par le cercle de réflexion Chatham House à l'occasion de son déplacement dans la capitale britannique.

Pour maintenir une dissuasion et une défense crédibles, "l'Otan a besoin d'une augmentation de 400% de sa défense aérienne et antimissile", doit-il insister, selon des extraits de son intervention communiqués par ses services.

"Nous voyons en Ukraine comment la Russie sème la terreur par le ciel, nous allons donc renforcer le bouclier qui protège notre espace aérien", doit encore souligner M. Rutte.

Moscou n'a pas tardé à réagir. "L'Otan, après avoir ôté son masque, démontre de toutes les façons possibles sa nature même d'instrument d'agression et de confrontation", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien.

L'entretien entre Keir Starmer et Mark Rutte intervient au moment où le président américain Donald Trump exige des Alliés européens et du Canada qu'ils s'engagent à consacrer au moins 5% de leur produit intérieur brut (PIB) à leur défense, sous peine de ne plus garantir leur sécurité.

Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a indiqué jeudi à Bruxelles que les alliés étaient proches d'un accord sur cet objectif qui pourrait être formalisé lors du sommet à La Haye, les 24 et 25 juin.

- Nouvelle stratégie militaire -

Pour assurer son succès, Mark Rutte a proposé un chiffre global de 5% de leur PIB, mais sous la forme d'une addition de deux types de dépenses: 3,5% d'ici 2032 pour les dépenses militaires stricto sensu et 1,5% pour toutes celles liées à la sécurité, au sens large (protection aux frontières, cybersécurité, etc.).

Il doit également déclarer lundi que les armées de l'Otan ont "besoin de milliers de véhicules blindés et de chars supplémentaires, de millions d'obus d'artillerie en plus", ainsi que de "doubler" leurs capacités de déploiement, en matière de logistique, d'approvisionnement, de transport ou de soutien médical.

Londres s'est déjà engagé à porter son budget de défense à 2,5% du PIB d'ici 2027, puis à 3% après 2029, et le gouvernement travailliste de Keir Starmer a dévoilé la semaine dernière sa nouvelle stratégie de défense.

Le Royaume-Uni prévoit notamment de construire jusqu'à douze sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire à compter de 2030, ainsi que six usines de munitions et de production d'armes à longue portée afin de d'être "prêt au combat", en particulier face à la menace russe.

Le pays, qui est avec la France la seule puissance nucléaire en Europe, va aussi dépenser 15 milliards de livres (17,7 milliards d'euros) pour son programme d'ogives nucléaires.

Le secrétaire général de l'Otan a visité lundi matin avec le ministre britannique de la Défense John Healey l'entreprise publique de défense Sheffield Forgemasters, dans le nord de l'Angleterre.

"Le renouveau de l'industrie de défense britannique renforcera non seulement la sécurité des Alliés, mais aussi la prospérité nationale", a salué Mark Rutte, cité dans un communiqué diffusé après cette visite.

J.Mana--HStB