Honolulu Star Bulletin - Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de "récupérer son histoire", plaide la commission d'enquête

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Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de "récupérer son histoire", plaide la commission d'enquête
Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de "récupérer son histoire", plaide la commission d'enquête / Photo: MARCEL MOCHET - AFP/Archives

Essais nucléaires: un pardon de la France permettra à la Polynésie de "récupérer son histoire", plaide la commission d'enquête

Le pardon de la France à la Polynésie pour les essais nucléaires est "une demande des Polynésiens" pour tourner la page et combler les "blancs dans notre histoire", a affirmé mercredi la députée Mereana Reid-Arbelot (GDR), rapporteure d'une commission d'enquête parlementaire qui propose d'inscrire ce geste dans la loi organique du territoire.

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"Ce n'est pas un pardon tourné vers le passé: on a besoin de récupérer notre histoire parce qu'on a beaucoup de blancs dans nos pages d'histoire", a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant que cette demande de pardon était "un retour de toutes les personnes qu'on a rencontrées en Polynésie" dans le cadre de la commission d'enquête.

Ce pardon, proposé parmi les 45 recommandations rendues publiques mardi, serait intégré à la loi organique de 2004 portant statut d'autonomie de la Polynésie française.

"Depuis l'arrêt des essais, on a eu quatre présidents de la République (...) Aucun n'a prononcé le mot, mais on ne souhaite pas attacher cette demande de pardon à un président en particulier", a expliqué Mme Reid-Arbelot, estimant "intéressant que cette demande vienne de la représentation nationale, du peuple français".

Pour elle, cette reconnaissance doit aussi s'accompagner d'un travail sur la mémoire: "Il faut faire un travail historique d'envergure, un peu à l'image de la mission Stora" sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, dit-elle, plaidant pour que les avancées historiques puissent ensuite être enseignées.

Autre recommandation phare: la suppression du seuil d'un millisievert, actuellement requis pour être indemnisé au titre des conséquences sanitaires des 193 essais nucléaires réalisés entre 1966 et 1996 en Polynésie française.

"Rien ne justifie ce seuil: c'est un seuil de gestion" décidé par les autorités et le Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen), estime la députée qui recommande de le supprimer et de "garder trois critères de date, de lieu et de pathologie" pour les indemnisations.

Selon elle, depuis 1985 (les données antérieures sont manquantes), environ 13.500 personnes ont été exposées et atteintes d'une des 23 pathologies reconnues, mais seulement 1.206 ont été indemnisées à ce jour, pour un montant moyen de 71.000 euros.

Une proposition de loi reprenant plusieurs recommandations inscrites dans le rapport est "en cours de rédaction", précise Mme Reid-Arbelot, qui évoque aussi un toilettage de la loi Morin votée en 2010 pour faciliter les indemnisations et assure que les ministres auditionnés durant la commission d'enquête se sont montrés à l'écoute.

H.Lono--HStB