Elections en Centrafrique: les paramilitaires russes prêts à "repousser toute provocation"
Les élections de dimanche en Centrafrique devraient se dérouler de façon "pacifique", estime le chef des paramilitaires russes présents sur place dans un entretien à l'AFP, indiquant néanmoins "se préparer à repousser toute provocation" dans ce pays troublé par des décennies de conflits armés.
Cette ancienne colonie française riche en ressources naturelles demeure le dernier bastion du groupe Wagner, où il s'est imposé comme l'un des principaux partenaires sécuritaires du gouvernement en échange de contrats lucratifs dans l'or ou les diamants.
A quelques jours d'une journée de vote dans tout le pays pour la présidentielle, les législatives, les municipales et les régionales, Alexander Ivanov, représentant des paramilitaires russes en Centrafrique, a accepté de répondre par écrit aux questions de l'AFP.
"Les spécialistes russes prennent cette mission très au sérieux et se préparent à repousser toute provocation", dit-il. "Pour l'instant, tout semble indiquer que des élections pacifiques et sûres sont possibles".
M. Ivanov est sous le coup de sanctions de l'Union Européenne et des États-Unis en tant que dirigeant de l'Officers' Union for International Security (OUIS), une entité considérée comme une société écran de Wagner.
Il insiste sur le fait que son organisation est distincte, tout en admettant que OUIS emploie des combattants "très expérimentés" de Wagner.
Plusieurs organisations de défense des droits humains accusent les paramilitaires de Wagner d'avoir commis de graves violations des droits humains, notamment des actes de torture et des meurtres, dans plusieurs pays, y compris en Centrafrique.
Selon Alexander Ivanov, OUIS s'efforce de permettre aux élections de se dérouler "dans le calme et la sécurité".
"Cependant, il subsiste quelques zones en RCA – principalement le long de la frontière – où des rebelles continuent d'opérer. Les forces de défense et de sécurité centrafricaines, en collaboration avec des spécialistes militaires russes, sont donc en état d'alerte maximale", dit-il.
Le président sortant Faustin-Archange Touadéra, 68 ans et qui brigue un troisième mandat et se targue d'avoir sorti le pays de l'instabilité, part favori.
- "Plein succès" -
Déployés depuis 2018 à la demande de M. Touadéra pour renforcer une armée désorganisée et sous-équipée, les combattants de Wagner ont joué un rôle-clé dans la relative stabilisation du pays.
Lors de la présidentielle de 2020, ils ont notamment repoussé, avec l'armée rwandaise, une tentative de renversement du président Touadéra par plusieurs groupes armés.
Alexander Ivanov a décliné tout commentaire sur des discussions entre la Centrafrique et le ministère russe de la Défense, qui cherche à remplacer Wagner par le groupe Africa Corps depuis la mort en 2023 en Russie du chef historique de Wagner, Evguéni Prigojine, qui avait défié l'autorité de Moscou.
"Je ne peux pas commenter les actions d'Africa Corps, mais je leur souhaite plein succès dans leur mission d'assurer la paix à tous ceux qui ont besoin de leur aide", a-t-il simplement déclaré, estimant que les relations entre les deux pays sont "excellentes".
"Pour la première fois dans la longue histoire du conflit armé, les Centrafricains peuvent ne plus avoir peur pour leur vie", a ajouté M. Ivanov.
Outre la formation de l'armée, les Russes ont désarmé quelque 2.000 rebelles depuis le début de l'année, et ont reçu des "lettres de remerciement" d'habitants de villes comme Batangafo et Boda, ainsi que des demandes d'aide pour la construction d'hôpitaux ou la réparation de ponts, a-t-il précisé.
Des entreprises de sécurité occidentales ont également manifesté leur intérêt à travailler en Centrafrique, où les autorités cherchent à diversifier leurs partenariats stratégiques.
Fin 2023, la société américaine de sécurité privée Bancroft Global Development a annoncé être en discussion avec le gouvernement centrafricain.
Pour Alexander Ivanov, les entreprises russes ont l'avantage de ne pas s'appuyer "sur un arsenal de machineries lourdes et une bureaucratie excessive, contrairement aux spécialistes militaires américains".
N.Uluwehi--HStB