Honolulu Star Bulletin - Tour de France: Pogacar en totale maîtrise

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Tour de France: Pogacar en totale maîtrise
Tour de France: Pogacar en totale maîtrise / Photo: Loic VENANCE - AFP

Tour de France: Pogacar en totale maîtrise

En totale maîtrise, Tadej Pogacar a repoussé sans trembler les assauts au bazooka de l'équipe Visma jeudi lors de l'étape-reine du Tour de France remportée par l'Australien Ben O'Connor au col de la Loze.

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On ne pourra pas reprocher à Jonas Vingegaard de ne pas avoir tenté. "Beau boulot les gars, on a tout essayé", a lancé le directeur sportif des frelons à l'oreillette au moment où Vingegaard passait la ligne en troisième position à 1:54 de Ben O'Connor et neuf secondes de Pogacar.

Mais au final c'est encore un coup d'épée dans l'eau pour le Danois et ses troupes qui ont jeté toutes leurs forces dans la bataille, en vain.

Sommé de tenter quelque chose vu son retard de plus de quatre minutes au général, Vingegaard a allumé le brasier dès la Madeleine, le deuxième des trois cols hors catégorique au programme.

"Comme vous avez vu on avait un grand plan, attaquer tôt. L'équipe a été superbe", a-t-il expliqué après avoir lancé au feu Van Aert, Benoot, Campenaerts et Kuss pour réduire le peloton maillot jaune à sa plus simple expression et préparer son attaque.

Elle est intervenue à cinq bornes du sommet, à plus de 70 km de l'arrivée.

Mais Pogacar était prêt au combat. "Je les attends", avait-t-il déclaré avant le départ. Et il a pris sans difficulté la roue de Vingegaard et les deux sont rapidement revenus sur un groupe de cinq - Roglic, Gall, O'Connor, Rubio et Jorgenson, le principal lieutenant du Danois, envoyé en point d'appui dans l'échappée.

Dans la descente, Jorgenson a continué à mettre sous pression Pogacar qui déteste ça.

- Lipowitz joue et perd -

"Jorgenson fait la descente à bloc, plein gaz", a pesté le Slovène dans l'oreillette en gardant une distance de sécurité pour se prémunir de toute chute éventuelle.

"Visma a tout tenté mais ça n'a pas suffi. Je suis très fier de la manière dont on a géré la situation", dira-t-il à l'arrivée.

Les choses se sont calmées dans la vallée où Pogacar et Vingegaard, quasiment à l'arrêt, ont laissé revenir plusieurs coéquipiers mais aussi des lâchés de la première heure comme Onley, finalement quatrième de l'étape, et Kevin Vauquelin, encore admirable de résistance pour défendre sa place dans le Top 10.

Florian Lipowitz, lui, a joué et perdu sur cette section plate en partant tout seul à la poursuite de Rubio, O'Connor et Jorgenson qui étaient ressortis.

En perdition ensuite dans le col de la Loze, l'Allemand ne sauve sa place sur le podium que pour 22 secondes sur Oscar Onley.

Au final, il ne s'est pas passé grand-chose dans la tortueuse montée vers la Loze, où Jorgenson n'aura servi à rien et où l'attaque de Vingegaard semblait être seulement pour la forme.

Et c'est même Pogacar qui a repris encore neuf secondes au Danois en accélérant après la flamme rouge.

"Je pense qu'on a fait jeu égal aujourd'hui", a jugé Vingegaard, répétant comme un mantra que "le Tour n'est pas fini".

Difficile pourtant d'imaginer une autre issue qu'une quatrième victoire finale à Paris de Pogacar qui a fait preuve de sang-froid et même d'une prudence nouvelle.

- Pogacar "plus calculateur" -

"Il est un peu plus calculateur. Dans le passé on l'a vu prendre des risques et parfois payer la note", a expliqué son manager sportif Mauro Gianetti.

"L'objectif principal reste Paris, a insisté Gianetti. Visma a pris des risques aujourd'hui, ils ont été très costauds. Nous, il ne fallait pas qu'on se mette trop dans le dur parce que demain sera une autre étape très difficile" jusqu'à La Plagne.

Pogacar semblait effectivement avoir une belle marge encore. "J'aurais adoré gagner mais le plus important aujourd'hui était de défendre le maillot jaune", a déclaré le Slovène de 26 ans qui avoue "compter les kilomètres jusqu'à Paris".

"Des fois je me demande ce que je fais encore là, c'est si long. J'ai hâte que ce soit terminé et que je puisse faire autre chose dans ma vie", a dit le champion du monde qui n'a jamais caché préférer les courses d'un jour aux grands Tours.

Ben O'Connor a lui aussi été souvent fâché avec le Tour où il a connu des moments tourmentés dans l'équipe AG2R après sa victoire d'étape à Tignes en 2021, l'année où il avait terminé quatrième à Paris.

"Le Tour de France est la plus grande course du monde mais aussi la plus cruelle", a-t-il dit alors que la grêle s'abattait au sommet après une journée ensoleillée.

Revenu au pays dans l'équipe Jayco-AlUla, l'Australien de 29 ans s'est ressourcé en 2024 sur le Giro (4e) et la Vuelta (2e).

Le voilà de retour en pleine lumière et dans le Top 10 au général.

R.Pilialoha--HStB